Lettres d'estuaires
Vous êtes ici : Accueil > L'estuaire des artistes > Lettres d'estuaires - Textes en ligne > Icônes de Gironde :  Bélier

Icône du bélier
21 mars- 20 avril

© Lucien Arlaud




Toisons de hautes crêtes aux drailles des deux mers, l'aurore avive l'onde, la bise en bat l'estran. Aux estives d'amont les flammèches des bourgnes, sonnailles du Nordet. Le piqué d'un filet dérive sous Plassac. Aux nappes du tramail le soubresaut des gattes, le marbre des lamproies. Le fût cireux d'un banc luit sous la coutelade. Distendue, l'aube rompt.

Le palus reverdit la scansion de Pauillac, la terre écorne l'aube. Un tôt babil agace la fauvette, son galant s'égosille. Trombe d'or, brûlot d'aspics aux orgues du Blayais ! La poudrière explose en perles sur les îles. Patiras, mica bleu dans le spasme des laves. Le thyrse d'un lilas frissonne d'améthyste, l'aube délire au lit de braises. 

Avril est sur l'enclume, l'accoutumée du jour sur les lauriers en fleur. A Montrose on déchausse, tire l'araire, fume la terre ! Harnais huilés et gros grelots, gaillard au cavaillon hennit un Ardennais. Au bout des règes, le soleil, de mer à mer hémistiche du Bec. Le vent pèle des fumerolles, l'eau se cambre, le jour lui prend les lèvres, lames d'ambre.

Clarines de l'aubin, cimier d'or, bec d'ébène, qui tique dans les graves ? C'est la volte fasciée, la huppe demi-deuil. A Beychevelle un crevettier refoule, une verroterie croule des haveneaux, le tain des éperlans, la giboulée des mouettes. Le soleil monte encore. L'étendue se défait. Le diamant de la bise mord la vitre du lan, bris de cadences.

La mer inassouvie rappelle ses brisées. Bondissement ! Sursauts ! Le jour épèle ses ravages. La rive dit à l'an son cours. Naître porte la peur de n'être plus.
 
 


© Catherine Lippinois

La chair des mots

Bourgne Nasse pour prendre les anguilles et dont la hampe porte un fanion.
Coutelade Tonte pratiquée avec les forces, grands couteaux des bergers.
Déchausser Dénuder le pied du cep pour le faire respirer.
Estran Portion du rivage découvert à la marée.
Gatte Poisson de l'estuaire pêché au filet comme la lamproie.
Huppe fasciée Cet oiseau migrateur arrive en avril. Son plumage est fascié de bandes noires et blanches. 
Refouler Naviguer à contre-courant. 

texte de Christian Lippinois ©
dessin de Lucien Arlaud ©
tapisserie de Catherine Lippinois ©

Bélier | Taureau | Gémeaux | Cancer | Lion | Vierge
Balance | Scorpion | Sagittaire | Capricorne | Verseau | Poissons

© Conservatoire de l'estuaire de la Gironde