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Le bistrot de Nantes
Passée la Loire où de grands ponts enjambent des brouillards des immeubles de pierres sales basculent sur les voies des tramways
Quelques pièces au parcmètre puis, traverser la pluie
Il y a, l'hiver, au cœur des villes atlantiques
des odeurs de café devant les cathédrales
haleine des passants, comme brouillards des ports
ports d'autrefois
maintenant échoués au fond des estuaires
au centre du monde,
sur la table carrée du bistrot,
le cendrier
Je fixe le grand portail de pierres
gueule immense de l'église
grand gouffre noir
comme haleine du grand vaisseau
une musique d'orgue
Je vais m'offrir le luxe d'écouter respirer le monde
Le luxe d'un moment ordinaire
Entre la tasse et le cendrier, j'ouvre un livre
je demande la rue au patron
il sort un plan de sous le comptoir :
"Encore
de la pluie aujourd'hui".
Merveilleux !
n'en dit pas plus !
Des clients, des échassiers à la mangeoire du bar
ecoutent bec ouvert un type qui sait tout
dans un café au bout d'une nuit de route
il y a toujours un type qui sait tout,
un prêtre du lieu, un sorcier
sa voix repousse les pèlerins de passage
dans les chapelles du fond
Je vais payer, il faut y aller
C'était une bonne odeur de café.
Nantes, Février 1995
© J-P. Loubes
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