Cher estuaire | L'enfant des gabares | Le vieux gabarier | Les trois rivières
Dis-moi ! Est-ce bien toi le petit garçon
Qui la nuit, pieds nus, marchait sur les ponts,
Que tu comptais une à une les étoiles
Et qui tremblait quand frémissaient les voiles ?
Quand l'ombre du clocher dépassait le rivage,
Tu voulais l'attraper pour en faire une image
Tes petites mains ne rencontraient que les flots
Les pierres et les cloches n'étaient plus que de l'eau.
Quand ta grand-mère prenait ta mitaine
Et t'emmenait fou de joie à la fête foraine.
Tu montais, descendais dans les manèges enchantés
Tu te croyais ballotté par les ondes du Mascaret
La nuit, recroquevillé dans ta couchette
Quand dehors soufflait la tempête
L'étrave assaillie par les coups de butoir
Que la peur t'habitait sans même la voir.
Le matin, parfois pour aller à l'école
La godille à la main, pour faire avancer la yole
La tête pleine de géographie
Tu enjambais l'océan pour visiter l'Asie.
Les fleuves, les rivières, les si jolis cours d'eau
Les îles enchantées au sable blanc si chaud
Emporté dans ces merveilleux mirages
Tu louvoyais joyeux à travers les nuages.
Maintenant que tes nuits ne connaissent plus l'oubli
Tu tangues à travers de ce que fut ta vie.
Tes rêves naviguent dans les passes tumultueuses
Pour s'échouer sur les rives de la paix bienheureuse
Petit garçon gabarier au pied des grandes mâtures
Tu redeviens l'enfant de Madame Nature.
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