Lettres d'estuaires

Cher estuaire | L'enfant des gabares | Le vieux gabarier | Les trois rivières

Cher estuaire

Depuis des siècles tu charries le limon

D'immenses vaisseaux apportèrent les races

Des Gaulois de Tyr, du port de Sidon

Des blonds Vikings au peuple des Thraces

Tous ont traversé tes riches domaines

Pour que Burdigala devienne Romaine.


Noyés dans les brumes matinales

Les grands voiliers venant du Labrador.

Sur tes lourdes eaux glissent ces cathédrales

Silencieusement bercent l'esturgeon qui dort.


Tu fais danser les yoles de Saintonge

Tu t'imprègnes du parfum des vignobles.

De tes vents du Nord où les gabares plongent

Les oiseaux dans le ciel dansent leurs farandoles.


Hommes de tous pays, pêcheurs et gabariers

Le soir à la veillée devant la cheminée.

Mères, sœurs, fiancées adorées

Implorent à genoux, la vierge, la madone

De tes caprices, de tes fureurs, ensemble elles te pardonnent.


De tes marées d'équinoxe couleront les siècles

De tes vents de Noroît devenus légendaires.

Soufflera l'amour de tes âmes célestes

Pour ancrer dans nos cœurs notre Cher Estuaire.

 

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Jean-Paul Videau

 

© Conservatoire de l'estuaire de la Gironde