Né en Charentes, David Dumortier a passé son enfance à la campagne avant de s'installer à Paris et de devenir un vrai citadin.
Poète, il publie dans plusieurs revues : Décharge, Digraphe, Rétro-viseur... Il est l'auteur de quatre recueils aux éditions Cheyne et d'un ensemble récit/poèmes chez Paris Méditerranée.
David Dumortier met au cœur de son écriture le goût pour le mot, pour les jeux de résonances et métaphores et pour les chutes inattendues. Il est aussi très attaché aux détails et aux réalités concrètes avec en arrière plan un point de vue politique engagé mais sans visée didactique.
« Un petit garçon s'habille en fille. Quand on le surprend, il rougit ; en attendant que l'enfance passe sur ses joues. Il s'appelle Mehdi. » Un garçonnet pas comme les autres. Jugez en : « En plus, il a des manières de fille. Elles sortent toutes seules. Elles lui échappent des mains. Il est trop tard quand il essaie de les rattraper. Mehdi ne peut pas refaire une même manière à l'envers et la remettre dans sa cage. »
Pour voir la réalité autrement, sans gommer la sensualité,« Assis sur les strapontins / On peut regarder les fesses / Des gens debout / Sans le faire exprès », voici un tout petit livre par la taille qui enferme tout le métro dans votre poche. Des poèmes courts à la manière du haïku croquent l'univers du métro et en donnent une vision humoristique, décalée, onirique, le tout superbement mis en page, et commenté par des dessins de Fredo Coyère particulièrement en phase avec le style du poète.
Une sortie en forêt, c'est désagréable : on bute toujours sur une souche et on avance lentement dans l'embouteillage des arbres. Pourquoi ne pas rester dans les villes qui poussent comme des champignons ou encore prendre l'autoroute et regarder les plaines à la gueule de bois s'enivrer de notre vitesse ?
Le saule pleureur. C'est parce que ses branches tombent au sol et semblent se lamenter qu'on l'a nommé ainsi. Si ses branches avaient poussé sur les côtés ou en hauteur, on ne l'aurait pas pour autant appelé "saule rieur". Non. On lui aurait taillé sa joie.
"Au poste, ils ont annoncé une tempête pour cette nuit. Elle a rentré son linge, fermé les volets et elle a laissé la tempête prendre sa part. Demain, elle rangera tout, elle ne fera pas d'histoires, du moment que tout le monde a mangé et que c'est pas tous les jours."
Ce livre qui navigue sur l'amour entre un clandestin arabe et un parisien révèle une écriture âpre et dense et confirme l'originalité du talent d'écrivain de David Dumortier.