Cher estuaire | L'enfant des gabares | Le vieux gabarier | Les trois rivières
Ô toi ! Vieux gabarier dans ton fauteuil usé
Réchauffe ton corps meurtri devant la cheminée.
Dehors tombent goutte à goutte les perles mouillées
Pour toi, c'est le bruit des galoches qui résonne sur les pavés.
Combien de clairs de lune et de belles étoiles
Reflétaient ton visage dans les plis des grand-voiles.
L'étrave écumante luttant contre les flots
Dont toi seul à la barre devenait le héros.
Quand la fille des quais te donnait sa tendresse
Que dans ses beaux yeux bleus miroitait ta jeunesse.
Maintenant c'est le vent qui t'apporte sa caresse
Et ne coulent que les larmes de ton infinie tristesse.
Lorsque les heures s'égrènent à la vieille horloge
Que son balancier rythme le souffle de ta vie.
Ceux que tu as connus ne sont plus de tes proches
Ceux que tu as aimés ne te font plus d'envies.
À tes petits enfants dans ce même fauteuil
Assis sur tes genoux tu leur lisais ton recueil
En écoutant raconter tes magnifiques voyages
Ils s'endormaient dans ton cou, ils voguaient dans les nuages.
Le temps s'en est allé dans tes nombreux sillages
Tu laisses tes fiancées le long de tes rivages
L'étrave écumante a perdu contre les flots
Et la barre est bien seule puisqu'il n'y a plus de héros.
Essaie de te redresser comme le mât de misaine
Mets ta casquette, redeviens Capitaine
Doucement, sans faire de bruit, laisse filer les amarres
Toi seul le sais, elle t'attend, ta vieille gabare.
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