Mon travail, comme tout travail est la
trace d'une action. La trace est signe d'une absence. Absence
du geste, l'action achevée ou bien absence de celle
qui a réalisé l'action. Par là l'objet
est en creux.
Femmes en creux de cette citadelle, lieu
militaire, lieu masculin. Je me situe à côté de
celles qui n'ont pas eu leur place ici.
Je dépose un trace furtive durant quelques jours, dans
la poudrière, lieu totalement masculin. Je ne fais
pas parler la poudre, mais les draps. La poudrière
avait-elle jamais vu un drap de lit?
Je rappelle notre fragilité devant
l'immensité de l'estuaire. J'en extrais un matériau
existant depuis le début de la vie, d'où la
vie est sortie: la vase.
Je la dépose sur le matériau qui nous suit
de notre conception à notre mort: le drap de lit.
J'ai ainsi réalisé environ 400 mètres
de coutures à la main, exposées quelques
jours puis j'ai tout fait disparaître.
Absence totale.
sentinelle dans sa guérite
rêvant à sa belle
absente
moine dans son couvent
époux de marie
absente
jaufré dans son château
l'amour de loin
absente
marie-caroline dans sa grossesse
prisonnière d'une histoire d'hommes
absente
absentes
installation
catherine lippinois - conception réalisation
-
Gérard Caye - calligraphies -
Michel Quéral - photographies -
Conservatoire de l'estuaire de la Gironde
- soutien -