27 février 2005, Talmont —Ciel
plein, flocons soufflés par la bise sur la glace
du canal. Le rouge-gorge sur les rameaux du tamaris.
Sur la vasière, gagnage des tadornes, labours
filants dans la brume de neige, sur un piquet le busard
aux aguets, serres jaunes, manteau sombre. Quelques instants
plus tard il survole la baie, aussitôt attaqué par
les mouettes qui le reconduisent à ses labours.
La route littorale, la digue, un couloir entre deux espaces,
fleuve et vase au sud, labours enneigés au nord,
poudre chassée par la bise au creux des sillons.
Espaces naturels, espaces de pensée, deux mondes
entre lesquels passe le marcheur.
![]() Onze heures, le soleil à travers des grappes de neige, lumière striée, lamée, pensée granulaire, quantique. Sous la falaise pensée tellurique des serpents dragons, minière de la chrétienté. Talmont poste avancé : au-delà le marcheur chevauche le dragon, il se fait penseur d’une pensée qui défait le vieux monde. Aujourd’hui l’église est vide, le grégorien n’est plus écouté, le chant des sirènes s’élève à nouveau, rumeur du vent, du fleuve brisant sous la nef. |