23 février 2005, Talmont —Ciel
blanc, soleil blafard, le canal est gelé. Sur
la chaussée le rouge-gorge encore tiède,
pattes raidies, la cornée commence à geler.
Pas un souffle, lumière blanche, silence. Il suffit
de toucher un rameau pour qu’il se brise. Le fleuve
fume à peine, plat. Le soleil monte dans un ciel
en miroir, l’herbe étincelle. Talmont, un
promontoire dressé face à un espace insaisissable,
instable. Une pensée qui ne pense pas. La pensée
vient d’en deçà du langage, elle
le traverse, pour le dépasser, aller se perdre
au-delà. Talmont, un lieu de méditation
au bord de la falaise, de la pensée qui ne se
laisse pas saisir, qui se refuse au langage, qui fuit
le mot, l’espace de spiritualité, le fleuve,
le sans nom, cela qui est. Pas de territoire sans pensée.
Onze heures. Une aigrette s’envole du canal. L’employé communal
brasse la manivelle de la vanne, chant du cliquet, murmure
des glaçons contre les pierres, des vitres de
glace chavirent dans la lumière, l’eau noire.
Une pensée de grand vent.
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