Crépuscule sur Cordouan
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Talmont-sur-Gironde

Une démarche de création artistique au fil des mois
 

22 février 2005, Talmont —Une pensée lourde d'identité, pensée de vent, de falaise, de terre cuite. Brume givrante, sol blanchi. Au bas d'eau le banc du Bœuf dans la brume, la balise flotte à mi-ciel, l'infini commence au-delà. Hiver du fleuve, pensée blanche. Quatre malards au ras des arbres, volant vers l'est, puis sortant de la brume quelques instants plus tard à l'ouest, ont fait le tour de la presqu'île. Silence du territoire, travail de survivance, comment cette pensée se fraie-t-elle un chemin vers la civilisation à laquelle s'adossent les lignées ?
Questionner le territoire, espace tenu sanglé par ses lignées de pêcheurs. Lignées formant faisceau. Comment circule la vie le long de ces lignées ? Qu'est-ce qui est transmis, qu'est-ce qui revient et revient encore, traçant la ligne  ? Quels patrimoines de savoirs, d'identité, marqués dans la chair, le nom, le visage, transmission du territoire de pêche, des instincts. C'est parce qu'il y a identification au fleuve que le pêcheur le pénètre par la pensée, voit et sent le poisson, s'identifie à lui jusqu'à deviner sa présence, ses réactions. Pêcheur et poisson participent de la même ligne de vie, dans l'instant de la pêche ils forment un tout. L'estuaire finit-il par être intégré à la lignée des ancêtres ?
Si tout humain est issu des bêtes ayant peuplé l'océan, du moins le pêcheur est-il celui qui active ce lien, le nourrit. Une tel regain exige un champ dépassant la durée de la vie humaine, l'espace élargi qu'offre la lignée convient.
Retour à l’estuaire  : dix-huit heures, le soleil disparaît dans les brumes, il reste une heure de jour avant la nuit, le gel mauve.

© Conservatoire de l'estuaire de la Gironde