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Rencontre avec Alice Vieira

Rencontre avec Alice Vieira
et une classe de sixième au
Collège Sébastien Vauban (Blaye)
   

Après avoir écouté Alice Vieira nous lire quelques passages d’un de ses livres, les élèves ont souhaité lui poser des questions afin de mieux la connaitre, elle et son métier.

Benjamin  : Est-ce un métier difficile ?

Alice Vieira : Oui, comme tous les métiers. Mais c’est avant tout une passion qui prend beaucoup de temps notamment avec les nombreux voyages et déplacements dans les écoles.
Je ne pourrais pas écrire seule chez moi sans bouger.

Florian  : Combien de temps mettez-vous pour écrire un livre ?

Alice Vieira : Deux ou trois mois, si je ne faisais que cela mais comme je suis souvent interrompue, je mets beaucoup plus de temps. Quand je veux travailler rapidement, je m’installe dans un petit appartement sans téléphone.

Anthony  : Quel métier vouliez-vous faire quand vous étiez petite  ?

Alice Vieira : Il faut que je vous dise que je suis journaliste et depuis toute petite je voulais être journaliste car je voulais avoir un métier ou on se déplace souvent. J’ai commencé à écrire pour les journaux vers 14-15 ans. A 17 ans, je faisais partie d’une rédaction.
En 1979, j’ai écrit un premier livre. Mais ce n’était pas facile, en effet, je continuais à exercer ma profession de journaliste de 8 heure du matin à 8 heure du soir et après j’essayais d’écrire. J’ai fini par tomber malade car je ne prenais jamais une journée de repos.
J’ai pris, à ce moment là, la décision de mettre de côté mon métier de journaliste pour me consacrer à l’écriture.
Aujourd’hui, j’écris encore pour deux journaux et un magazine mais je ne me rends plus à la rédaction.

Chloé  : Avez-vous beaucoup voyagé ?

Alice Vieira: Oh oui ! Parfois mes visites sont rapides et je ne peux pas me promener. J’ai pu découvrir Blaye à pied et notamment la citadelle.
Je suis allée en Espagne, en France (j’y ai vécu dans les années 60 et en 1968 j’étais à Paris), en Italie, en Suisse (où se trouve mon éditeur), en Allemagne, au Luxembourg, au Brésil, à Macao, au Canada (Toronto).

Le professeur de français : les élèves que vous rencontrez à travers le monde sont-ils toujours pareils ?

Alice Vieira : Oui, toujours les mêmes. Mais avec des réactions parfois différentes : par exemple au Portugal le culte de la famille est très important, nous sommes tous cousins, cousines... En Allemagne, la famille est plus réduite : le père, la mère et les grands-parents. Ils trouvaient donc mon histoire merveilleuse au travers de cette famille si nombreuse.

Florian  : Est-ce que vos frères sont également écrivains  ?

Alice Vieira : Un est professeur de mathématiques et l’autre travaille au ministère des affaires étrangères.
Mes enfants m’ont toujours dit, étant petits, qu’ils ne seraient jamais journalistes car je n’étais jamais à la maison. De même pour mon mari qui est également journaliste.
Aujourd’hui ma fille est journaliste et écrivain, comme moi.

Florian  : Rencontrez-vous souvent des écrivains ?

Alice Vieira : Oui.
Au Portugal, les écrivains vont beaucoup dans les écoles et nous nous rencontrons souvent dans les trains. A l’étranger, je fais des salons qui me permettent d’échanger avec d’autres écrivains.

Catherine  : Combien avez-vous écrit de livres ?

Alice Vieira : une quarantaine, environ 22 à 23 romans quelques albums et des livres sur Lisbonne ou les plages.

Catherine  : Lequel préférez-vous ?

Alice Vieira : Question très difficile...
Quand j’ai fini un livre, je n’y pense plus, je pense au prochain.
Je suis comme une mère avec 42 enfants, je les aime tous je ne peux pas choisir.

Florian  : Combien de pages ont vos livres ?

Alice Vieira : aucune idée. Et puis, le nombre de pages n’a pas d’importance quand vous aimez, regardez Harry Potter.

Julien  : Aimez-vous votre métier ?

Alice Vieira : Bien sûr. Je ne changerais pour rien au monde, j’aime écrire. Quand j’ai fini un paragraphe, je le lis à haute voix pour avoir la “musique”de l’histoire.

Angélique  : Vos livres sont-ils illustrés ?

Alice Vieira : Pour les albums oui, les romans non.

Anthony  : Faites-vous des livres avec des suites ?

Alice Vieira : Non, je n’aime pas vraiment. Ni les écrire, ni en lire d’ailleurs. Sauf
peut-être des livres historiques ou bien sûr les époques se suivent.

Julien  : Comment faites-vous pour trouver une histoire ?

Alice Vieira : Quand je commence, je ne sais pas ce que vais réellement écrire. Je me mets devant ma machine. Eh, oui l’ordinateur ce n’est pas encore pour moi. Je commence par une phrase si elle ne me plait pas, je la jette et puis je recommence tant que cela me convienne.
Mes sources d’inspiration sont : mon enfance, ce que je vois, ce que j’entends, mes voyages, je travaille beaucoup dans les cafés et je prends des notes sur un carnet qui ne me quitte pas.

Anthony  : Avez-vous déjà écrit des livres avec des étrangers (des nons portugais) ?

Alice Vieira : Non excepté les albums sur Macao. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de problèmes pour trouver les noms de mes personnages et j’ai lu beaucoup de livres sur l’histoire de la Chine pour trouver des noms.
Je pense qu’un jour, j’écrirai un livre avec un héros portugais qui a vécu longtemps en France et qui est revenu au pays.

Catherine  : quel est votre livre le plus célèbre ?

Alice Vieira : Mon premier livre “Rose ma soeur Rose”.

Florian  : Faites-vous vos illustrations vous même ?

Alice Vieira : Non, deux ont été faites par ma fille et j’aime beaucoup ce qu’elle fait
mais dans les autres albums, c’est l’éditeur qui a choisi les illustrations (que je n’aime
pas beaucoup d’ailleurs).

Catherine  : votre famille est-elle une source d’inspiration ?

Alice Vieira : Oui, bien sûr. Mon premier livre “Rose ma sœur Rose”a été écrit avec mes enfants. Nous étions en vacances et ils se plaignaient du fait que je n’écrivais pas pour eux. Alors nous avons commencé à parler, ils me racontaient ce qui se passait à l’école et moi dans la famille. Au bout de 20 jours, le livre était écrit  : on y retrouve toute ma famille, ma maison, mon poisson rouge.
J’ai présenté ce livre à un concours que j’ai gagné. L’aventure de l’écriture commençait.

Cyril  : Aimez-vous les animaux ?

Alice Vieira : Oui, les chats particulièrement car l’homme ne peut pas les dresser.
Mais je ne peux pas en avoir pour un problème d’allergie alors j’ai une collection de
cartes postales sur les chats.

Cyril  : Allez-vous écrire un livre sur les chats ?

Alice Vieira : Dans “voyage autour de mon nom”il y a un chat. Mais au Portugal, les appartements sont si petits et il n’y a pas beaucoup d’animaux de compagnie.

Julien  : Ecrivez-vous des BD ?

Alice Vieira : Non, c’est un langage différent. Je ne sais pas faire. Mais j’aime beaucoup les lire, notamment Tintin.

Adeline  : Les voyages vous aident-ils pour votre imaginaire ?

Alice Vieira : Peut-être mais je n’écris jamais sur les villes ou les pays où je vais.

Angélique  : Allez-vous écrire un livre avec votre fille ?

Alice Vieira : Je ne crois pas. Elle a déjà écris trois livres pour les jeunes mais maintenant elle écrit pour les adultes. De plus, nous avons des styles différents et je ne sais pas comment on peut écrire à deux. Pour moi, l’écriture c’est personnel.

Catherine  : Avez-vous écrit un livre sur la Suisse ?

Alice Vieira : Non, même s’il y beaucoup de portugais là-bas. Les suisses ne sont pas
facile à vivre car il y a beaucoup de règles strictes. Bien sûr le paysage est joli.

Florian  : Quel pays voudriez-vous visiter ?

Alice Vieira : L’Islande.

Cyril  : Quel genre de littérature aimez-vous ?

Alice Vieira : j’aime les livres réalistes sur notre société. J’aime lire la littérature fantastique (le style de ma fille) et le policier.

Florian  : Quels sont vos auteurs préférés ?

Alice Vieira : des auteurs allemands, brésiliens et des poètes comme Eluard et Prévert.

Anthony  : Avez-vous rencontré H.G. Rowling ?

Alice Vieira : Je suis amie avec son ex-mari qui est journaliste.

Mélissa  : Avez-vous toujours gardé le même éditeur ?

Alice Vieira : Oui, même s’il me paye très mal. C’est quelque part ma deuxième
maison.

Kévin  : Prenez-vous souvent l’avion ?

Alice Vieira : Oui car je voyage beaucoup. Parfois je ne sais même pas où je serai le lendemain tellement le rythme est soutenu.
Quand on me demande où j’habite, je réponds parfois dans une gare ou un aéroport.

Angélique  : Avez-vous déjà écrit un livre en un jour ?

Alice Vieira : c’est difficile mais j’ai écrit une pièce de théâtre en deux week-end.
Même les albums pour les petits me prennent environ une semaine pour 16 pages.

Anthony  : Pouvez-vous influencer votre éditeur pour les illustrations et la première de couverture ?

Alice Vieira : Non, ce sont les éditeurs qui choisissent parfois je ne connais même pas les illustrateurs. Je n’aime pas les illustrations des romans au Portugal mais j’aime celles des romans en langue française.

Kévin  : êtes-vous parfois tellement plongée dans le livre que vous en avez oublié votre enfant à l’école  ?

Alice Vieira : Non. Mais je vais retenir cette idée pour un prochain livre.

Florian  : Arrivez-vous à prendre des vacances ?

Alice Vieira : Non jamais, l’an dernier j’ai eu deux semaines.

Julien  : Préférez-vous écrire ou aller rencontrer des élèves dans les écoles ?

Alice Vieira : Les deux. J’ai essayé d’écrire pendant une année mais l’école me manquait.

Catherine  : Combien d’heures écrivez-vous par semaine ?

Alice Vieira : je n’ai vraiment pas de règle, j’écris du lever du soleil à son coucher. Je n’aime pas écrire la nuit.

Catherine  : Des élèves vous donnent-ils des idées ?

Alice Vieira : Oui, les élèves m’écrivent beaucoup et je leur réponds toujours.

Anthony  : Comment êtes-vous rémunérée par votre éditeur  ?

Alice Vieira : J’écris, je donne mon livre à l’éditeur qui le publie (environ 5 000 à 6 000 livres ce qui est beaucoup pour le Portugal). Je reçois 8 % des ventes et, parait-il, 10 % depuis le 01 Janvier 2002.

Catherine  : Ecrivez-vous des livres sur votre région ?

Alice Vieira : Oui, presque tous mes livres sont sur Lisbonne.

Julien  : Sur quel pays ou ville aimeriez-vous écrire ?

Alice Vieira : Oui, sur une petite ville du nord de l’Allemagne, ville de pêcheur où tout sent le poisson avec une communauté de 4000 portugais.

Mme Larrède : Vous nous parlez de la famille traditionnelle, avez-vous comme chez nous des familles recomposées ?

Alice Vieira : Oui, il y en a de plus en plus. Ma petite fille de 6 ans qui a commencé sa scolarité à 4 ans est revenue un jour de l’école en pleurant car sa maman était la seule à ne pas avoir de petit ami !!!

Cyril  : faut-il faire des études pour devenir écrivain ?

Alice Vieira : il n’existe pas d’école à proprement dite mais bien sûr il faut une culture
de base.
 

 

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